Interview Audrey Correau – Office français de la biodiversité

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Audrey Correau est directrice Acteur et Citoyens à l’Office français de la biodiversité (OFB). Elle nous explique ses attentes concernant la première édition d’AdNatura, ainsi que les missions de l’OFB en lien avec la biodiversité et les sols vivants.

Métiers de l’écologie : « Un appel aux jeunes générations qui se lancent sur le marché du travail ou qui sont en reconversion. » 

Quelles sont vos missions ? 

Je travaille dans la direction qui s’occupe de mobiliser, accompagner et soutenir les projets des acteurs et de ces citoyens. Cela va de l’éducation à l’environnement en passant par l’aide au changement de pratiques agricoles, ou encore à la mobilisation des collectivités locales et des entreprises. Nous travaillons à accompagner ces changements de pratique via la formation, l’accompagnement technique, et le soutien financier. 

Pourquoi l’OFB est-elle partenaire de ce premier salon national de l’écologie AdNatura ? 

Nous étions déjà partenaires des précédentes éditions aux dimensions plus locales, car nous soutenons les initiatives pour que le sujet de l’écologie, de la protection de la nature et de la biodiversité prenne de l’ampleur dans l’ensemble de la société. Le fait que le salon prenne une dimension nationale contribue encore davantage à cela, soit à faire connaitre l’écologie comme métier et comme secteur possiblement génératrice de solutions et d’emplois. 

Le thème des sols vivants est-il en lien avec les missions de l’OFB ? 

C’est en effet une préoccupation pour l’OFB, car il croise des enjeux de biodiversité importants. Nous savons que c’est avec des sols en bonne santé que l’on peut avoir des écosystèmes vivants. Ils ont une fonction écologique sous-jacente à tout un tas d’autres choses, notamment dans la production agricole. Le thème croise également des enjeux dans le milieu urbain puisque nous avons trop souvent imperméabilisé le sol. C’est un sujet que la société redécouvre ces cinq dernières années avec la problématique de l’adaptation au  changement climatique en milieu urbain, et les enjeux d’infiltration de l’eau, de température et des ilots de chaleurs, et pour lequel les sols vivants sont des réponses qu’il faut continuer à développer. 

Vous êtes responsable de la mobilisation et de l’accompagnement des acteurs en faveur de la biodiversité.  Comment accompagner une entreprise d’aménagement compte tenu de l’enjeu que représente l’artificialisation des sols ? 

Il y a tout d’abord le levier de la réglementation avec le Zéro Artificialisation Nette (ZAN), et puis il y a l’accompagnement technique. À l’OFB nous avons un centre de ressource de génie écologique qui est une plateforme pour les acteurs qui souhaitent faire changer leurs pratiques. Il y a des journées d’échanges techniques, des retours d’expériences, des études et travaux pour trouver des solutions. L’objectif est d’être à l’écoute des acteurs pour pouvoir répondre le mieux possible à leurs attentes et proposer des solutions. On porte aussi un programme qui s’appelle entreprise engagée pour la nature qui vise à favoriser la mobilisation et l’accompagnement des entreprises qui souhaitent intégrer la biodiversité dans leur cœur de métier. Pour un aménageur, la question des sols peut à la fois interroger ses pratiques et les adapter, mais peut aussi changer son modèle d’affaires. On ne vend pas les mêmes prestations quand on s’interroge sur un aménagement urbain classique versus sur un aménagement urbain qui intègre pleinement cette question de la biodiversité et des sols. 

Pour un certain nombre d’aménageurs, la réglementation est quand même vue comme une contrainte, dans les faits, voyez-vous vraiment un changement de pratique volontaire ? 

Sur le ZAN par exemple, la démarche est relativement récente et cela peut être vu comme une contrainte, avant que petit à petit de nouveaux modèles se développent avec les opportunités d’emplois et de développement  que cela occasionne. Il y a un seuil à passer dans le développement de la politique pour que les acteurs puissent se l’approprier et en faire une opportunité. Ce n’est pas un frein, c’est un enjeu vital pour préserver les espaces naturels et agricoles, ainsi que la viabilité des espaces urbains que nous sommes amenés à occuper. C’est une demande des citoyens qui vivent de plus en plus les impacts sur changement climatique sur la vie et c’est notre devoir en tant que puissance publique de répondre à cette attente-là. 

Quelles sont vos attentes dans cette première édition nationale d’AdNatura ? 

J’en attends un lieu d’échange riche pour les acteurs afin qu’ils puissent se rencontrer et échanger notamment sur des solutions, car c’est comme cela qu’on avance. La dimension du salon sur les métiers et les filières est également très importante pour nous : L’écologie, la biodiversité, ce sont aussi des métiers, des emplois. C’est un appel aux jeunes générations qui se lancent sur le marché du travail, ou qui sont en reconversion. 

Quels sont principaux rôles et activités exercées par l’OFB au niveau de la filière professionnelle de l’écologie et la Biodiversité? 

En plus du programme entreprise engagée pour la nature et de notre centre de ressource génie écologique,  L’OFB est un centre de formation agrée pour dispenser des formations naturalistes par exemple. Nous avons aussi une dimension de police de l’environnement, nous sommes là pour vérifier que la réglementation environnementale est bien mise en œuvre par tous les acteurs du territoire. 

Nous avons également des missions d’appuis aux politiques publiques auprès du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires dans leurs mises en œuvre et réévaluation quand c’est nécessaire. 

Quelle est l’action la plus emblématique dont vous êtes la plus fière ? 

J’aimerais vraiment mettre en avant le centre de ressource du génie écologique. C’est un outil qui rassemble les professionnels et l’OFB afin de développer des solutions techniques et concrètes en appui aux acteurs économiques et aux filières. Par ailleurs, il y a aussi le travail sur les solutions d’adaptations au changement climatique fondées sur la nature, car il y a un lien important avec les filières de l’écologie et les enjeux de restauration. Nous menons en ce moment un projet Life intégré qui s’appelle ARTISAN et qui vise à accroitre la résilience des territoires en incitant à l’utilisation de solutions fondées sur la nature. C’est un projet soutenu par la Commission européenne de 2020 à 2027 qui vise à créer les conditions pour que la restauration des écosystèmes puisse se généraliser dans les territoires en réponse au changement climatique. C’est un gros projet que l’OFB est fière de porter. 

Quel est votre rapport à la nature ? 

C’est un rapport intime dont j’ai besoin et qui me tient à cœur et qui m’anime au quotidien. C’est pour ça que je fais ce travail. Comme je le dis souvent, je ne me verrai pas faire autre chose. 

 

Propos recueillis par Théo Tzélépoglou (Journaliste Scientifique – Ingénieur Écologue – Photographe)
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