Interview Anne-Lise Melki – Biotope

Anne-Lise Melki directrice général de Biotope. Elle nous explique sa vision du génie écologique et du travail en bureau d’étude, ainsi que son intérêt pour AdNatura   

« Il faudrait mettre en œuvre une offre de site de compensation en France. » 

Quelles sont vos missions au sein de Biotope ? 

Je m’occupe de diriger les services généraux de l’entreprise, donc la direction des ressources humaines, administrative et financière, l’informatique, et en même temps j’essaye de coordonner toute l’action territoriale de Biotope en lien avec les équipes sur place, pour être au plus proche des clients et du terrain. C’est dans cette optique que nous avons des entités un peu partout sur le territoire. Frédéric Melki, le fondateur de Biotope, continue à apporter une certaine vision sur ce que sera notre entreprise demain, et j’aide à cette mise en œuvre.  

Pourquoi Biotope est-elle partenaire de ce premier salon national de l’écologie AdNatura et quelles sont vos principales attentes dans ce salon ? 

Tout d’abord, nous sommes très peu souvent partenaire de salons car il y a énormément d’évènements en France, mais à mon sens ce salon vaut vraiment le coup. Il réunit un certain nombre d’acteurs importants qui portent le sujet de la biodiversité dans notre région. L’an prochain nous allons avoir 30 ans, et cette année le salon passe au niveau national…nous avons donc décidé d’être un partenaire un peu plus visible que les autres années.  Il y a toujours des explications humaines dans les choix que l’on fait, et ce partenariat est aussi là grâce à Olivier Thaler avec qui on travaille depuis longtemps.  Nous voulons aussi nous adresser aux jeunes afin de montrer la réalité des travaux des bureaux d’études qui souffrent souvent d’idées reçues. Nous voulons défendre une vraie vision de notre activité. Nous savons que les jeunes attendent des missions aux valeurs fortes, et à travers notre entreprise nous défendons ces valeurs même si nous sommes nombreux. Par ailleurs, nous avons aussi besoin de talents et de gens compétents, c’est donc l’occasion pour les étudiants de se faire connaitre lors du job dating par exemple.  

Quels sont principaux rôles et activités exercées par la métropole au niveau de la filière professionnelle de l’écologie et la Biodiversité ?  

Nous sommes adhérents à l’Union Professionnel du Génie Écologique (UPGE) et nous participons à leurs travaux. Nous sommes aussi présents au niveau de Syntec-ingénierie, qui vient d’ailleurs de faire un partenariat avec une école de génie civile pour créer un master de génie écologique. Nous participons aussi à des pôles de compétitivité comme Aqua-Valley à Montpellier. Enfin, nous travaillons aussi avec des organismes de recherche comme l’Observatoire de Recherche Méditerranéen de l’Environnement (OSU OREME) et Biodiv’Oc.  

Le thème de cette année porte sur les sols vivants, est-ce difficile pour une naturaliste d’assister dans son quotidien professionnel à l’artificialisation des milieux naturels ? 

Je ne vois pas les choses comme ça, je me demande plutôt comment on va désartificialiser les sols qui sont actuellement mort et comment on va les réactiver. Aujourd’hui certains aménageurs, nous appellent pour faire de la restauration de milieux, et dans le cadre de nouveaux aménagements, comment prévoir davantage de zones quasi-naturelles. Là où la question devient technique et scientifique, c’est sur la façon de restaurer, ce n’est pas si facile que ça. Nous soutenons d’ailleurs une salariée qui a fait sa thèse sur le sol et qui vient de monter sa start-up sur la restauration de sols vivants. 

Ces marchés de restauration écologique s’inscrivent-ils dans de la compensation au titre de la séquence éviter-réduire-compenser ? 

Pas toujours, nous avons par exemple un très gros camping présent dans plusieurs sites naturels qui souhaitent mieux gérer leurs plantations d’espèces végétales, ainsi que leurs zones humides qu’ils voyaient auparavant comme problématique vis à vis des inondations et des moustiques. C’est en dehors de toute réglementation et il y a des techniques de restauration écologique qui peuvent les aider. D’autre part, certains industriels qui ont des sites en fin d’exploitation souhaitent également renaturer ces milieux de leur propre chef.   

Il n’empêche que la compensation détruit le plus souvent des milieux naturels, est-ce que la compensation est un système efficace ou faut-il le réformer ? 

Je pense qu’il faudrait avant tout la mettre en œuvre. Dans la séquence éviter-réduire-compenser, on ne va pas à la compensation assez vite. Cela fait des années que l’on fait de l’évitement et de la réduction, mais trouver des mesures compensatoires et les mettre en œuvre avant que les travaux commencent et encore très compliqué. Il y a un nœud d’acteurs, tout le monde décrie la compensation. Aujourd’hui Il n’y a pas de site de compensation en France. Il faudrait mettre en œuvre une offre de site pour la structurer. Actuellement il y a énormément de parcelles de compensation, on ne sait pas où elles sont, qui les suis, elles ne sont pas contrôlées. Je suis pour des agréments forts sur des sites de compensation bien définis qui seraient facile à suivre par l’administration. Puisque c’est la loi depuis de 1976, mettons-la en œuvre, il faut sortir de cette pensée anti-compensation.   

Quelle est l’action la plus emblématique dont vous êtes la plus fière ? 

Personnellement ce qui me rend le plus fier c’est l’ouverture de l’agence à la réunion et en Guyane, ce sont des agences qui marchent bien que j’ai voulu créer, avec des territoires très riches en biodiversité à préserver. Au-delà de ça nous sommes fiers d’avoir envie d’apporter des solutions concrètes de conservation de la biodiversité, d’être leader sur le marché, et aussi d’éditer des ouvrages naturalistes de qualité.  

Quel est votre rapport personnel à la nature ? 

Depuis toute petite, ce qui me fait vibrer c’est connaitre et conserver la nature, mon père était professeur de biologie, j’habitais dans un petit village…Je vis mon travail comme une collaboration en équipe pour préserver le vivant. Malgré tous ces efforts on assiste quand même à un effondrement de la biodiversité, donc cela questionne mais c’est aussi challengeant.  

Propos recueillis par Théo Tzélépoglou (Journaliste Scientifique – Ingénieur Écologue – Photographe)
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