Interview Stéphane Jouault – Ville de Montpellier

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Stéphane Jouault est élu écologiste à la ville de Montpellier. Il nous explique ses attentes à propos du salon de cette année en lien avec les sols vivants, et les actions menées par la ville en faveur de la biodiversité. 

« Notre objectif est de préserver et restaurer la place de la nature en ville.» 

Pouvez-vous vous présenter succinctement ? 

Je suis adjoint au maire à Montpellier au sein de la délégation nature en ville et biodiversité. La délégation précédente portait le nom « d’espaces verts », ce qui n’était vraiment pas le même projet. Mon programme, c’est la végétalisation et la renaturation de toute la ville. 

Pourquoi la ville est-elle partenaire de ce premier salon national de l’écologie ? 

En tant qu’élu écologiste, j’ai poussé pour que la ville soit partenaire, car les politiques publiques d’aujourd’hui doivent être écologiques. Pour cela, nous avons besoin de travailler avec tous les partenaires y compris les scientifiques. Nous avons noué des partenariats avec le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE), mais aussi avec Plante & Cité, une association de professionnels et de collectivités autour de la gestion de la nature en ville. On ne peut pas travailler seul et il est nécessaire de regrouper tous les acteurs du territoire. 

Quelles sont vos principales attentes de ce salon portant sur les sols vivants ? 

C’est un thème qui nous intéresse, car nous avons peu de données sur cette question. Nous allons financer une mission de recherche avec CEFE à ce sujet. C’est une vraie question pour nous, car nous plantons en ville sur des sols qui sont souvent un peu dégradés.

Il y a par ailleurs cette notion de trame brune qui prend de l’ampleur, et qui ne parle pas encore vraiment au public. Le thème de cette année nous apporte donc vraiment de nouvelles connaissances et des axes de réflexions. D’autant plus que nous souhaitons désimperméabiliser des sols de la ville, et pour cela nous avons besoin de savoir et d’accompagnement. C’est facile de décrouter, mais avoir il n’est pas évident d’avoir un sol en bonne santé par la suite.

Arrivez-vous à concilier ces objectifs avec l’artificialisation croissante dans la ville ? 

La ville continue à grandir pour accueillir du monde, il y aura toujours des aménagements, mais notre objectif est de préserver et restaurer la place de la nature en ville. J’ai créé un comité arbre chargé d’examiner les dossiers de l’espace public et privé sur la question du maintien des arbres dans la ville. Chaque mois nous avons une réunion avec des élus comme ma collègue à l’urbanisme et moi, le service direction paysage et biodiversité, un représentant de la LPO et des écologistes de l’Euzières, un spécialiste de l’arbre qui travaille au CIRAD, et des invités ponctuels comme des sociétés d’aménagements. Ces sociétés arrivent avec leur projet de ZAC et présentent leurs dossiers. Ensemble, nous étudions comment réduire les abatages, ou réduire l’impact sur la biodiversité si abatage il y a. Nous travaillons aussi systématiquement avec Rodolphe Majurel, un écologue qui a créé sa société qui s’appelle Bativersité et qui nous accompagne sur ces questions.  Dès lors que le patrimoine arboré est impacté, notre commission est automatiquement saisie grâce aux services de la ville et de la métropole qui nous font remonter les dossiers. L’existence même de ce comité arbre fait que les projets qui nous sont présentés sont meilleurs d’emblée. 

Par ailleurs, j’ai aussi créé un comité forêt urbaine, qui est un comité de scientifique composé de spécialistes des questions agroforestières, pour nous conseiller sur les plantations dans la ville. Nous avons aussi lancé une assistance à maitrise d’ouvrage Montpellier ville nature, via une société qui s’appelle Coloco, ce sont des paysagistes qui ont une vision écologique. Ils sont en train de dessiner un plan de plantation à l’échelle de la ville. Enfin nous avons un volet développement du patrimoine arboré, qui vise à réduire les ilots de chaleurs en milieux denses. En 2024 nous allons instaurer une règle dans le PLUI qui imposera d’avoir 50% de pleine terre sur une parcelle aménagée, cela réduira l’emprise sur les surfaces. Nous travaillons aussi sur la désimperméabilisation des cours d’école et la création de potagers, à raison de quatre écoles par an pour l’instant. 

Quelle est l’action la plus emblématique dont vous êtes la plus fière ? 

Au-delà de ce que j’ai évoqué , il y a le plan zéro phyto. Sur toute la ville de Montpellier, nous n’utilisons désormais plus aucun produit phytosanitaire dans l’entretien des espaces extérieurs. Nous allons donc obtenir le label maximum. C’est pour moi un résultat emblématique de la volonté de la ville de mener une politique écologiste. Le vrai changement est que la question de la nature en ville et la biodiversité est maintenant présente dans tous les projets d’aménagement. 

Quel est votre rapport à la nature ? 

Je suis né à la campagne, la nature c’est l’environnement de mon enfance, j’ai grandi proche d’une rivière et je ressens ce besoin de nature au quotidien, en particulier en milieu urbain. Je pense être  particulièrement sensible à la nature, car je suis né dedans. 

Propos recueillis par Théo Tzélépoglou (Journaliste Scientifique – Ingénieur Écologue – Photographe)
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